Géologie

Ici, le sol est à nu et découvre aux yeux tous les mécanismes puissants qui créent les montagnes et les vallées, les falaises et les ravins. Les dépôts sédimentaires lentement accumulés au fond de la fosse marine qui couvrait alors la région, ont été bouleversés, chahutés par le soulèvement des jeunes et turbulentes montagnes alpines pour offrir ce paysage complexe et chaotique qui caractérise la morphologie des Baronnies et du Diois.

Entre Chalancon et Volvent, à La Charce, à Arnayon ou St Nazaire-le-Désert, le temps qui passe s’y mesure à ces graduations alternées de calcaires et de marnes (10 à 15 mètres représentent 1 million d’années).

Le « chapeau de gendarme » des rochers de Brachet près de Cornillon ou les plis du rocher de Saint-May illustrent avec persuasion la théorie sur la plasticité des roches.

L’eau et le vent se déchaînent sur ce corps décharné pour ciseler ces terribles griffures sur les flancs de la montagne d’Angèle ou les marnes d’Arnayon. Ils sculptent ces formes audacieuses de l’étrange paysage ruiniforme des Gorges de Pommerol.

Il faut se poster sur un point haut, du rocher de Chalancon ou de la montagne d’Angèle pour contempler au loin les puissants sommets des Alpes.
(Promotion de la Drôme Provençale)

GLOSSAIRE

Anticlinal : partie supérieure d’un pli en forme de croupe ou de dôme.
Cluse : gorge étroite et encaissée creusée perpendiculairement à une chaîne de montagne.
Doline : dépression circulaire ou ovale formée par un effondrement ou un soutirage souterrain.
Fosse Voconcienne ou aire Voconcienne : dépression comprise entre les actuels massifs du Vercors et du Ventoux dans laquelle se sont déposées au cours de l’ère secondaire d’importantes couches de marnes et de calcaires.
Hauterivien : étage géologique (-130 millions d’années) du système Crétacé de l’ère secondaire.
Marnes : roche feuilletée constituée d’un mélange d’argile et de calcaire.
Marno-calcaires : alternance de lits de marnes et de calcaires.
Résurgence : retour à l’air libre d’un cours d’eau souterrain.
Synclinal : partie inférieure d’un pli en forme de chenal.
Terrasse alluviale : replat formée par un dépôt d’alluvions.
Tithonique ou Tithonien : série de strates calcaires d’une centaine de mètres d’épaisseur au maximum séparant le système Jurassique du Crétacé (-145 millions d’années).
Tuf : roche formée par le dépôt du calcaire dissout dans les eaux souterraines à la faveur de leur évaporation au contact de l’air. Ces dépôts s’effectuent sur de la végétation (mousse) qui se détruit ensuite; ils présentent une structure alvéolaire, d’où la légèreté de ce matériau très utilisé autrefois dans la construction.
Turonien : étage géologique (-90 millions d’années) du système Crétacé de l’ère secondaire, formé dans la région, de calcaires gréseux.
Valanginien : étage géologique (-140 millions d’années) du système Crétacé de l’ère secondaire formé dans la région des marnes blanches et de marno-calcaires.

CARTE DES SITES GÉOLOGIQUES


Un paradis de la géologie autour de La Motte Chalancon


LE PAS DES ONDES

Pour celui qui ne s’intéresse pas seulement au Plan d’Eau, le site du Pas des Ondes est un concentré de géologie: sa cluse, comme celle des gorges d’Arnayon, montre les couches calcaires du Tithonique qui se dressent vers le ciel. Elles amorcent une grande courbe pour passer virtuellement au dessus (anticlinal) de la cuvette de La Motte que l’Oule a entaillée profondément. Cette rivière qui aurait dû passer normalement au village de Cornillon, s’est déviée au travers des couches calcaires pour former ce détour impressionnant qu’est le Pas des Ondes.  C’est dans ce même défilé, à mi-falaise, que s’ouvre la grotte du Pas des Ondes d’où jaillit une résurgence, réapparition à l’air libre d’une partie des eaux du ruisseau d’Arnayon infiltrées quelques centaines de mètres au nord, dans la gorge. Cette source dépose un imposant amas de tuf qui s’épanche en cascade à flanc de falaise. Exploité autrefois pour la construction, notamment pour le château de Cornillon. On peut aussi observer une belle terrasse alluviale, champ plat dominant le fond de vallée, rappelant que la rivière circulait autrefois beaucoup plus haut et y déposait ses alluvions. À droite de cette terrasse, on peut voir les ravinements dans les marnes noires du Jurassique; elles ne sont que le sommet de couches très profondes de cette roche feuilletée et tendre que des sondages de plus de deux kilomètres n’ont pu traverser.


ARNAYON, SES GORGES ET SES MARNES

Franchir les gorges d’Arnayon, c’est faire un long voyage dans les temps géologiques (plus de 50 millions d’années) puisqu’on traverse toutes les couches calcaires du Tithonique qui marquent le passage des terrains jurassiques (marnes noires de la cuvette de La Motte) aux terrains crétacés (marnes bleues d’Arnayon) en passant par les minces lits réguliers de marno-calcaires de l’étage Hauterivien qui pour les géologues, font penser à une variation pendulaire du climat sous lequel se sont réalisés ces dépôts.  Il suffira de se baisser pour retrouver la trace sous forme de fossiles de la vie qui peuplait cette mer. On pourra également observer l’inclinaison des couches (grandes dalles calcaires) qui s’enfoncent profondément pour resurgir aux abords de la montagne d’Angèle. Malgré son air docile, cette montagne formait un pli qui venait recouvrir d’une écaille toute la zone, mais l’érosion bien visible sur les pentes de marnes a fait disparaître ces roches plissées et broyées. Les plus curieux pourront en voir un lambeau au col de la Pertie où des marno-calcaires très plissés recouvrent des couches de marnes beaucoup plus récentes.


LA CHARCE : LE SERRE DE L’ÂNE

Avant d’arriver à La Charce, des couches marno-calcaires presque verticales forment le talus de la route. Depuis très longtemps, les géologues viennent là  pour observer ces niveaux qui marquent le passage entre deux étages géologiques: le Valanginien et le Hauterivien. La richesse en fossiles de ce site et beaucoup d’autres particularités ont poussé les scientifiques à le choisir comme référence mondiale (stratotype) pour la transition entre ces deux étages .


LES GORGES DE POMMEROL

Les caprices de l’érosion ont laissé ici un lambeau des couches les plus récentes de la fosse voconcienne, le Turonien. Ce sont des calcaires à forte teneur de grès et de nodules de silex, attaqués vivement par l’érosion, ils ont créé  ce relief ruiniforme de tourelles et d’arcades que l’on retrouve aussi dans les Gorges de Trente-Pas. Ce décor irréel creusé de grottes et peuplé d’aigles et de chamois a abrité autrefois les bergers, comme en témoignent les peintures et gravures rupestres de la Baume Ecrite sur les sommets de la montagne de Saint Roman. On pourra observer aussi au pied de la face sud de cette montagne un vaste phénomène de glissement de terrain actuel qui véhicule les éboulis en un impressionnant torrent de pierres.


DE CHALANCON A VOLVENT

Le rocher de Chalancon domine de sa fière stature la cuvette de La Motte. Ce bastion des couches tithoniques est l’extrémité sud de la grande dorsale qui entoure les cuvettes (synclinaux) d’Aucelon et du Désert, séparées par l’anticlinal de la montagne de la Servelle. Il est délimité par deux cluses: le Pas de l’Echelle d’où jaillit une importante source qui alimente La Motte en eau potable et le Pas de l’Echaillon. Il garde avec son château et sa tour de guet l’accès à la combe de  Chalancon. De cette combe au col des Roustans, on pourra observer d’un côté les bordures de marno-calcaires hauteriviens de la cuvette du Désert lacérés par l’érosion, et de l’autre les pentes calcaires sèches de la montagne de Volvent qui sont creusées de nombreuses grottes et gouffres dont celui des Bornes et la résurgence du Trou Arnaud . Comme la montagne d’Angèle (1606 m) , la montagne de la Servelle (1613 m) est le pays des alpages où pâturent en été troupeaux de vaches ou de moutons (Photo de gauche : montagne du rocher de Chalancon – Photo de droite : vue du col des Roustans, la montagne de la Servelle et du Cuchet, au fond, les Trois Becs).


LES GORGES DE L’EYGUES

Les gorges de l’Eygues scient les couches tithoniques au bénéfice d’une faille. Sur la rive droite, c’est une succession de falaises percées de nombreuses grottes.  Le réseau souterrain de la Sexagésime remonte sur plus d’un kilomètre vers la montagne d’Angèle en direction de Villeperdrix et le Trou du Bœuf en face le tunnel s’épanche en cascade lors de fortes crues. On peut observer l’ondulation des couches parfois interrompue par des failles. Le rocher de Saint-May couronné de son cimetière et contre lequel s’adosse le village, montre des roches plissées et froissées. On accède par-là au plateau de Saint-Laurent qui se termine au dessus de Rémuzat par le rocher du Caire, site privilégié des vautours fauves réintroduits depuis quelques années.


LES BOULES DE GRÈS DE SAINT-ANDRÉ-DE-ROSANS

Curieuses ces boules qui font penser à des œufs d’animaux fantastiques et disparus… Mais si on arpente ce plateau de grès entre le village et le col de Palluel, on s’aperçoit vite que les tailles et les formes sont trop variées pour que ce soit des œufs fossiles; il s’agit probablement de concentrations de sables agglomérés autour d’un noyau catalyseur de façon concentrique. En tout cas c’est un phénomène très curieux et très spectaculaire.

 


DE ST-NAZAIRE-LE-DÉSERT AUX GORGES DE LA ROANNE

À Saint-Nazaire-le-Désert, en face du pont à l’entrée sud du village, on retrouve comme à Arnayon et La Charce les alternances de marno-calcaires de l’Hauterivien sur une falaise bordant la rivière; on les appelle ici les “écharennes”.  On s’engage ensuite dans les gorges de la Roanne, suite contrastée de profondes entailles du torrent, de passages encaissés entre les falaises, de villages pittoresques comme Saint-Benoît… On pourra quitter un instant ces gorges pour suivre de charmantes petites routes étroites et tortueuses qui conduisent à Aucelon ou Pennes-Le-Sec où on sera surpris par les roches du col qui se dressent verticalement en dentelles.


JONCHÈRES

Témoin de l’intensité de l’érosion, l’ « écharenne » de Jonchères avec son ravin torrentiel.

 

 

 


LES GORGES DES GATS

Taillées dans des calcaires turoniens plus épais et plus massifs qu’à Pommerol, ces gorges particulièrement encaissées encadrent le torrent du Bez de falaises impressionnantes que recoupent des canyons sombres et profonds comme le Rio Sourd.
(Photo : carte postale ancienne)

 

 


LE GLANDASSE

Ce bastion cher aux Diois est un contrefort du Vercors. Son plateau bordé de falaises impressionnantes est un bel alpage parsemé de gouffres et de dolines. Son ascension au petit matin est une vraie aventure. À son sommet, atteignant 2041m on peut observer les edelweiss. L’arc que forme le Glandasse enserre le Cirque d’Archiane, entaille profonde où surgissent des résurgences.

 

 


BOULC

Deux glissements de terrain se sont produits plus récemment à Boulc; l’un d’eux a nécessité le creusement d’un tunnel pour la route d’accès par les gorges des Gats.


LES SUCETTES DE BORNE

Nom sympathique donné à des roches dressées semblables à celles de Pennes-Le-Sec.


LE CLAPS DE LUC

C’est vers 1442, qu’un glissement de terrain obstrua le cours de la Drôme et provoqua la formation de deux lacs en amont de Luc en Diois. Les deux lacs se sont asséchés, mais il reste un paysage bouleversé avec un chaos gigantesque dans lequel la Drôme s’écoule en cascades (saut de la Drôme). Le site qui vient d’être classé est utilisé pour l’escalade.

 

 


LES FOSSILES

Témoins de la vie grouillante des mers au fond desquelles se sont formées les roches de notre région, les fossiles constituent un excellent thème de collection. On pourra en visiter une: celle de l’Abbé Louis FROMENT, à la Mairie de Luc-en-Diois. C’est une collection exemplaire rassemblée avec méthode durant toute une vie à travers tout le Diois. Ne pas manquer cette visite! (entrée gratuite) .

 

 

 

Photos Robert LAUDET
Extrait du fascicule « Un paradis de la géologie autour de La Motte Chalancon » , édité par les Cahiers de l’Oule, Robert LAUDET.